Projet d’application EETA : Échelle d’exposition en terrains avalancheux
4 ans après, retour sur une observation rarissime
15 novembre 2024
La pratique du ski de randonnée est en pleine expansion dans les vallées du Queyras. Pour faire cohabiter les enjeux touristiques avec ceux de la préservation de la faune sauvage, le Parc naturel régional du Queyras avec l’Office de Tourisme et les communes développent des outils de sensibilisation des pratiquants à la sécurité et au respect de la tranquillité de la faune sauvage.
Une des actions est la réalisation d’une carte croisant l’exposition des terrains avalancheux avec des zones de présence de la faune sauvage sensible au dérangement humain à cette saison. Pour classer les terrains avalancheux selon leurs complexités, une méthode reconnue a été déployée par l’ANENA* et INRAE* sur plusieurs vallons test. Cette méthode appelée « échelle d’exposition en terrains avalancheux » (EETA), en anglais Avalanche Terrain Exposure Scale (ATES), est appliquée pour la première fois en France, dans le Queyras.
©Guillaume Vallot
Ce travail a débuté fin 2023. Il s’est appuyé sur une littérature scientifique abondante, qui résulte du déploiement de la méthode EETA dans différentes régions du monde (Etats-Unis, Québec, Norvège, Jura Suisse, Pyrénées…). Ici, une approche manuelle a été privilégiée dans l’application des critères de classification.
Il en ressort 5 classes :
- Classe 0 - « pas d’avalanche » : Pas de danger d’avalanche, même occasionnel. Toutes options possibles. Lits de ruisseaux, murets, talus
- Classe 1 – « simple » : zones usuellement sans danger ; occasionnellement dangereuses. Terrains boisés, ou terrain ouvert de faible inclinaison. Certaines éclaircies en forêt peuvent se situer en zone de dépôt d'avalanches peu fréquentes. Nombreuses possibilités de réduire ou éliminer l'exposition. Présence de pièges de terrain (ravines, petites barres)
- Classe 2 - « exigeant » : Zones potentiellement dangereuses nécessitant une analyse. Exposition à des zones de départ (> 30°) et couloirs d'avalanche bien définis. Présence de pièges de terrain (ravins, barres). Possibilités de réduire ou d'éliminer l'exposition moyennant une analyse du terrain.
- Classe 3 - « complexe » : zones fréquemment dangereuses, analyse complexe. Exposition à de multiples zones de départ (>30°), souvent vastes. Plusieurs couloirs d'avalanche qui se recoupent ou vastes secteurs de terrain raide et dégagé. Présence de pièges de terrain (systèmes de barres, couloirs, ravins). Possibilité minimale de réduire l'exposition. Zones nécessitant une analyse nivologique.
- Classe 4 - « extrême » : Terrain extrême en terme d’exposition. Faces rocheuses, systèmes de barres, couloirs très raides et exposés. Compétences d’alpinisme nécessaires.
©Guillaume Vallot
Pour cartographier ces zones, ANENA et INRAE se sont appuyés sur les données disponibles comme la carte des pentes, la cartographie de localisation des phénomènes d’avalanche (CLPA) ou encore le couvert forestier, couplées à des données récoltées auprès de professionnels locaux (écogardes, pisteurs, accompagnateurs, guides). Des enquêtes de terrain ont été réalisées durant l’hiver 2024 par une dizaine de professionnels locaux. Ces enquêtes ont permis de travailler à une échelle fine correspondant au SCAN 25 de l’IGN. En parallèle un travail sur le dérangement de la faune sauvage a été réalisé à partir de données naturalistes et d’observations de ces professionnels locaux. L’ensemble des données a été compilé au printemps 2024 et a été présenté au comité de pilotage du projet en fin d’année, constitué d’élus et professionnels du tourisme.
Site d'étude
Les zones d’études se situent sur l’est du Queyras, entre 1400 et 3208m d’altitude. On trouve en-dessous de 2300m des zones principalement forestières, comprenant de larges secteurs ouvertes, et des pentes modérées. Au-dessus de 2300m, l’absence de couvert forestier et les pentes plus sévères donnent au paysage un caractère plus alpin. 4 sites d’études ont été choisis par le comité de pilotage du projet : Rondet- Pelvas, Col Agnel, Peynin et Valpreveyre Ces vallons sont particulièrement très fréquentés en hiver, après un épisode neigeux de type « retour d’est ».
Utilisation
L’EETA concerne seulement l’analyse de terrain, et n’inclut pas d’éléments de nivologie . Elle aide à répondre à la question : Le terrain sur lequel j’évolue est-il exposé aux avalanches ? La carte ne remplace pas une analyse personnelle, le bon sens et les connaissances minimales nécessaires à évoluer dans un environnement de montagne hivernale. La consultation et la compréhension du Bulletin du Risque d’Avalanche (BRA) sont indispensables à l’usage de la cartographie EETA. Pour faire le lien entre les deux, un outil pédagogique existe : l’outil « avaluateur ». Il informe les pratiquants du comportement (mode de vigilance) à adopter en fonction du risque du jour et du terrain sur lequel ils évoluent (classe EETA).
Pour aller plus loin
- Une application cartographique a été développer pour diffuser les résultats de l'étude. Vous y trouverez notamment le tableau des critères EETA, le diagramme "Avaluateur" et la carte.
- A venir : un article scientifique sur la méthodologie en français et en anglais
- Lien vers l'application
Soutien financièrement ce projet
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