Les Journées Techniques Monviso se sont déroulées les 7 et 8 octobre dans le petit hameau d’Ostana, dans la vallée du Pô au cœur du Piémont italien. Après un premier rendez-vous tenu en 2022 à Ristolas, la deuxième édition de ce colloque technique a compté la présence de 34 agents appartenant à 10 entités d’étude et de protection de la nature, réunis à l’initiative du Parco del Monviso et de la Réserve naturelle nationale de Ristolas – Mont Viso. L’objectif de ces rencontres est clair : dynamiser la coopération transfrontalière au sein du massif pour mieux connaître, mieux comprendre et donc mieux gérer la biodiversité.
Gardons à l’esprit que la coopération n’est pas un concept nouveau pour ce territoire ! Les échanges de bons procédés remontent, sinon plus anciennement, au moins au quatorzième siècle où la République des Escartons réunissait les territoires du Queyras, de Briançon, d’Oulx, de Pragelato et de Casteldelfino en un ensemble autonome où florissait le libre-échange. L’histoire et la langue commune pratiquée pendant des siècles ont contribué à la grande proximité des cultures qui prospèrent aujourd'hui des deux côtés de la frontière. Terreau propice à ce que les jeunes générations s’approprient leur patrimoine naturel commun ?
Le massif du Viso compte aujourd’hui plusieurs aires naturelles protégées et institutions de gestion de la nature, dont le travail serait optimisé par l’harmonisation des méthodes de travail, le partage des idées et des ressources. Ce partage permettrait de plus robustes conclusions, lesquelles mèneraient à une gestion plus efficace du patrimoine. Car les espaces naturels du massif du Viso appartiennent à un même ensemble géographique composé de vallées hautes et basses, de plaines alluviales et de hauts sommets. C’est à l’échelle de ce territoire relativement réduit et néanmoins complexe que la coopération transfrontalière est pensée en premier lieu, car pour être fluide elle se veut avant tout locale.
Mais ce n’est pas tout : les versants français sont beaucoup plus secs que les versants italiens à cause de différences d'altitude, d'orientation, d'exposition à des régimes microclimatiques différents. Tout en faisant partie d’un même ensemble géographique, ces espaces naturels offrent une diversité de contextes qui pourront nous aider à mieux comprendre l’impact du changement climatique dans toutes ses nuances.
Ajoutons à cela que le massif du Viso est peuplé d’une biodiversité ne reconnaissant aucunement les frontières administratives modernes. En particulier, la faune va et vient à sa guise pour accomplir ses cycles naturels de part et d’autre de la frontière. Ce que l’on appelle la « connectivité écologique » entre les versants français et italiens est un sujet d’attention particulièrement intéressant qui illustre la notion de patrimoine commun, indivisible, universel.
Universel mais sous pression. Dernier point commun : les aires naturelles françaises et italiennes du massif sont exposées aux mêmes pressions humaines et climatiques. Au-delà des domaines de la connaissance, peut-être la coopération pourra-t-elle un jour s’étendre à l’éducation environnementale et à la gestion des patrimoines naturels ?