Vous avez peut-être déjà eu la chance d’apercevoir un lagopède alpin, aussi appelé perdrix blanche ou perdrix des neiges. Témoin d’une époque où les glaces recouvraient l’Europe, ce galliforme sauvage trouve aujourd’hui refuge dans la fraîcheur et le silence des cimes. Prodigieusement adapté à la rude vie d’altitude et pourtant fragile, sa survie est menacée par les changements climatiques et les multiples dérangements occasionnés par les activités humaines.
Les populations de lagopède du Queyras, estimées par des suivis biologiques de longue date, connaissent un lent déclin et une reproduction peu efficace. En particulier, les poussins naissent à même le sol entre fin juin et août. Ils sont très sensibles aux dérangements et rares sont ceux qui survivent à leurs premières semaines de vie. Le spectre de l’extinction planant sur cet oiseau rare, une responsabilité particulière incombe aux territoires où le lagopède s’accroche à la survie.
Dans ce contexte, la municipalité de Molines-en-Queyras, le Parc naturel régional du Queyras et l’Office Français de la Biodiversité testent cet été un dispositif expérimental de quiétude pour donner un coup de pouce à cet emblème alpin.
Mis en œuvre pour la première en fois en 2022 dans le cadre du projet européen « POIA Espèces Arctico-Alpines » et renouvelé en 2023, le dispositif Lago’Quiet consiste en une clôture légère et temporaire, matérialisée par des rubans et des fanions, installée entre mi-juin et mi-août entre le col Vieux et le col Agnel dans le secteur dit du « Camp des espagnols ».
Son but est double : informer les visiteurs sur la présence des lagopèdes et les dissuader de pénétrer une zone où les femelles élèvent leurs petits, offrant ainsi un périmètre de quiétude à l’espèce pendant un moment critique de son cycle de vie. Ce périmètre est installé de manière à ne pas entraver la découverte de ce site de haute montagne. Un suivi de la population de lagopèdes sera réalisé ces prochaines années pour mesurer l'efficacité du dispositif.Parmi les sites historiquement fréquentés par le lagopède, les environs du col Agnel accueillent chaque année les parades amoureuses, les nichées, l’élevage des poussins et le regroupement d’adultes non reproducteurs. En tout, une cinquantaine d’individus seraient présents pendant l’été : ces effectifs font du col Agnel un des principaux sites de présence régulière du lagopède en Queyras, voire dans les Alpes du Sud.
Or, ce col emblématique des Alpes attire également - et à juste titre - nombre de visiteurs d’une autre espèce ! Affluant par la route et les chemins de randonnée, le public peut facilement accéder aux pierriers et pelouses où le lagopède cherche refuge. Il est important que les promeneurs et leurs compagnons à quatre pattes – qu’il est nécessaire de tenir en laisse – ne quittent pas les sentiers balisés pour donner toutes ses chances au lagopède.
Cette action s'inscrit dans le cadre du projet POIA (Programme Opérationnel Interrégional du massif des Alpes) Espèces arctico-alpines financé avec le concours de l’Union européenne et de la Région Sud. L’Europe s’engage sur le Massif Alpin avec le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER 2014-2020).
Pour en savoir plus sur ce projet : https://www.pnr-queyras.fr/projet-poia-especes-arctico-alpines-2020-2022/