Le bivouac ? Une pratique originale à expérimenter pour des randonnées itinérantes ou simplement deux jours en montagne, avec un peu de préparation... Voici quelques clés pour de bons moments à vivre, dans le respect des espaces naturels et des réglementations.
Quelques jours en immersion totale dans la nature suffisent pour offrir une vraie coupure avec le quotidien. Reste alors un choix : où passer la nuit ?
Bien sûr, le refuge et son ambiance conviviale est la solution. Dans le Queyras, il y a 5 refuges : Refuge du Viso, Refuge Agnel, Refuge de la Blanche, Refuge de Furfande et Refuge de Basse Rua
Mais le bivouac pourra tenter ceux qui sont équipés et qui ne reculent pas devant un peu plus de préparation et de poids sur le dos !
Cette pratique peut néanmoins impacter les milieux naturels et ne s’improvise pas. Alors voici quelques rappels pour vous aider à préparer votre séjour autonome dans les règles de l’art.
C'est un campement sommaire dans un milieu sauvage, à la belle étoile ou avec une tente pour une nuit au plus. Le principe est de s’installer au coucher du soleil et de plier son campement au lever du jour, sans laisser de traces en quittant les lieux. Dans le cadre d’une randonnée itinérante, cette pratique est tolérée théoriquement avec l’accord du propriétaire privé ou public de la parcelle sur laquelle on passe la nuit.
Le campement (tente, camping-car ou tout autre abri) n’est pas démonté en journée. Il est autorisé seulement dans les aires naturelles ou les campings aménagés. Mieux vaut commencer par cette pratique avant de s’aventurer pour la première fois en bivouac dans des espaces naturels.
Intermédiaire entre le camping et le bivouac, les aires de bivouac aménagées allient le confort et la sécurité d’un camping avec la sensation d’aventure. Elles se situent souvent dans des lieux où il n’y a pas de refuge ou de camping aménagé.
C'est un campement non démonté le jour mais cette fois-ci dans une zone non gérée par un exploitant et non aménagée pour la pratique. Les campeurs ont plutôt tendance à se balader en véhicule motorisé (camping-car, combi, voiture…) et à se poser dans des endroits plus proches de la "civilisation" (parking, bord de route, champs…). Il peut être interdit sur certaines communes et, dans le cas contraire, il nécessite l’autorisation du propriétaire du lieu.
La réglementation française précise qu’il est interdit de bivouaquer ou de pratiquer le camping sauvage :
• Sur la voie publique,
• Dans les sites naturels classés ou en instance de classement,
• Dans les sites patrimoniaux remarquables,
• Aux abords des monuments historiques,
• Sur les rivages de la mer,
• A moins de 200m d’un point d’eau destiné à la consommation.
Il faut savoir que les espaces protégés ont également leurs propres réglementations en fonction des zones, telle que la zone cœur d’un Parc national comme celui des Écrins.
Dans certaines zones définies par des arrêtés municipaux ou préfectoraux (Réserves naturelles nationales, les Arrêtés préfectoraux de protection de biotope, Réserves intégrales…), et les Réserves biologiques domaniales : renseignez-vous lorsque vous pensez dormir dans ces espaces !
Les Parcs naturels régionaux n’ont pas de réglementation générale concernant le bivouac. Il faut alors se référer aux réglementations spécifiques de certains sites naturels protégés ou communaux.
Le bivouac, c’est avant tout savoir trouver le coin idéal, qui allie sécurité, confort et cohabitation avec les autres.
Pour commencer, on évite de planter sa tente en bas d’une falaise en cas d’éboulement. En cas d’orage, mieux vaut éviter les cuvettes, ce qui, par la même occasion, réduira les risques de vous retrouver avec de la condensation - liée à l’humidité et à la fraîcheur - à l’intérieur de la tente. On privilégie les sols moelleux mais secs, avec une surface légèrement bombée pour que l’eau s’écoule ailleurs que sous la tente en cas de pluie. C’est également dans ces cuvettes qu’on trouve des tourbières ou anciennes zones humides dont la flore est fragile et protégée. Les berges des lacs d'altitude abritent aussi des milieux et des espèces sensibles qu'il ne faut pas piétiner.
On s’éloigne également des bords de rivières dont le débit d’eau peut vite augmenter et atteindre le campement. En cas de vent, on privilégie une orientation de la tente dos à celui-ci pour que l’abside vous serve d’abri, sans oublier de bien tendre la toile. On évite les crêtes et les cols, où le vent est plus fort, pour trouver si possible un rempart naturel (haie, rocher, mur). En forêt, il faut rester prudent, car si elle peut protéger efficacement à la fois du vent et de l’humidité, les arbres peuvent aussi attirer la foudre. Enfin, on retire les pierres qui sont sous la tente mais on ne fait pas de construction (muret et cairn) ! Il y a toute une faune sous les pierres dont des carabes pas courants comme le Carabus fairmairei qui peut être une victime de l’épierrage et des excès de génie civil.
La cohabitation est le maître mot des usagers de la montagne. Vous croiserez sûrement des bergers, des gardes et d’autres randonneurs sur votre chemin.
Évitez de vous installer à proximité des troupeaux, des cabanes de berger et proscrire absolument les prairies encore non fauchées pour respecter l’agriculture de montagne.
Chacun son espace : la montagne est largement assez grande pour cela !
Les animaux aussi ont leur espace et leurs habitudes. Un conseil : campez à bonne distance des lacs, rivières et abreuvoirs pour ne pas déranger la faune qui se rend à ces points d’eau. La discrétion fonctionne aussi avec les animaux : moins vous les dérangerez, plus vous aurez la chance de les observer !
Pour connaître les conditions d’installation près d’un refuge, renseignez-vous auprès du gardien par téléphone avant de partir. Dans tous les cas, il convient de s’adapter aux us et coutumes sur place, en bonne entente avec le gardien et sa clientèle.
Quand vous êtes sur place, n’hésitez pas à aller à sa rencontre pour définir le lieu le plus adapté pour installer votre tente. Par ailleurs, dans certains cas, il est possible de profiter de certaines commodités du refuge (eau potable, WC…) avec l’accord du gardien.
Une envie de faire du feu ? Retenez-vous !
Bien que vous souhaitiez faire griller vos chamalows, éclairer votre campement ou juste vous réchauffer, faire un feu est réglementé par arrêté préfectoral : dans les Hautes Alpes, il est interdit du moment que l’on se trouve à moins de 200m d’un espace boisé (même faiblement). Seule l’utilisation des places à feux aménagées au bord des lacs dispense de cette déclaration.
Dans certains espaces protégés comme les cœurs de parcs nationaux ou les réserves naturelles, il est interdit d’en allumer. D’une manière générale, nous préconisons de ne pas faire de feu, d’autant plus que des arrêtés préfectoraux sont régulièrement pris au printemps et en été pour les interdire (période rouge). Renseignez-vous auprès de la Préfecture ou de la Mairie.
Cependant - et votre estomac sera rassuré - vous pouvez utiliser un réchaud portatif pour cuisiner !
Pensez à la nature et aux prochains randonneurs qui, comme vous, apprécierons un paysage sans déchets !
L’important est de ne laisser aucune trace de son passage, que ce soit au lieu du bivouac ou tout au long de sa randonnée.
Pour cela, pensez à organiser votre campement et à ranger petit à petit pour n’avoir accès qu’au nécessaire. Ainsi, vous réduirez le temps passé à chercher ce que vous avez laissé traîner dans l’herbe.
Question WC, le rose des fleurs vaut bien mieux que celui du papier toilettes, vous ne trouvez pas ?
Ramener son papier toilette dans un petit sac dédié est un geste réalisable par tous pour préserver la nature et la laisser intacte. Et surtout, en zone naturelle protégée, on ne le brûle pas et on ne l'enterre pas non plus.
Vous voilà parés pour des expériences qui vous rempliront de souvenirs, entre installations de tente sur des spots rêvés, nuits au chaud entourés des bruits de la nature et concoctions de petits plats devant des paysages à couper le souffle.
Bonne randonnée et bon bivouac !