Afin d’explorer les structures de production locale d’énergie du territoire et d’en mesurer l’efficacité, une vingtaine d’entretiens auprès d’habitants engagés dans des sociétés coopératives d’intérêt collectif, d’élus de collectivités locales, de responsables techniques variés a été menée et a débouché sur la présentation du fonctionnement de ces structures en s’appuyant sur des données statistiques. Il en ressort que les acteurs locaux prennent appui sur des expériences menées dans les Alpes, du Briançonnais jusqu’en Autriche, pour développer des infrastructures communales de chaufferies au bois local, de distribution de chaleur, de production d’électricité par panneaux photovoltaïques ou par des microcentrales hydroélectriques.
Les entretiens révèlent deux choses. Tout d’abord, les acteurs locaux sont convaincus de l’efficacité de la localisation des productions
énergétiques dans le territoire. Selon eux, cela permet de répondre à l’enjeu de transition vers des énergies décarbonées et contribue à l’autonomie de la production vis-à-vis des groupes énergétiques nationaux ou multinationaux. Deuxièmement, l’énergie locale, dont les prix sont volontairement stables et non soumis aux variations des cours du marché, permet de lutter contre la précarité énergétique en rendant accessible aux foyers modestes le chauffage issu de réseaux de chaleur communaux. L’électricité produite par des panneaux solaires, propriété d’Ener’Guil, la coopérative locale, est autoconsommée par les occupants du bâtiment à un coût fixe et relativement bas.
De plus les bénéfices issus de cette gestion locale favorisent une relocalisation de la rente : ainsi pour les coopératives, l’objectif
est d’alimenter la santé économique de l’entreprise et de redistribuer les surplus aux sociétaires, essentiellement les habitants locaux. La participation financière de ces habitants à la société coopérative accroît leur intérêt au bon fonctionnement de l’entreprise. Leur engagement se traduit par une gestion économe de leur énergie, avec une baisse des gaspillages. Cela démontre aussi un intérêt pour la vie citoyenne locale. À l’inverse, des acteurs extérieurs au territoire sont souvent plus réticents et s’interrogent sur la durabilité de l’autonomie des infrastructures étant donné leur échelle territoriale qu’ils considèrent comme trop petite. D’autres voient avant tout le risque que font courir les projets d’infrastructures sur les milieux naturels.
L’efficacité s’évalue à condition de ne pas cloisonner les champs d’activités mais en envisageant les projets de manière intégrée. La preuve est visible dans le paysage avec la mise en place d’un vrai écosystème territorial situé en plein coeur du territoire, à Ville-Vieille, où des activités commerciales et productives se trouvent en complémentarité et en interactions, en allant de la production de déchets de bois local issus des scieries qui deviennent utiles pour la chaufferie bois attenante, au fonctionnement des bâtiments de production artisanale et leur commercialisation en passant par l’accueil des touristes. Un film scientifique permet d’en donner un bon aperçu.
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